lundi 14 septembre 2009

Cet après-midi, errant, seule dans la bibliothèque de ma petite école, baladant mon regard sur les quelques rangées de livres, posés tranquillement sur une vielle étagère de métal, je remarquais un livre, vieux, que l'on ne devait plus feuilleter depuis des années. Je l'ouvrais, son titre m'inspirait: Paris des poètes. De belles images de la ville des Lumières illustraient de fabuleux poèmes. Au hasard, j'en lisait un, il me plaisait, mais le tintement de la cloche, me rappelait que je devais retourner en cours. J'en ai donc demander une photocopie et voilà, que maintenant, le soir venu, je vous le retranscris, pour mon plus grand plaisir et pour le vôtre, j'espère.

Charles Baudelaire

Le soleil

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Éveille dans les champs les vers comme les roses;
Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir!

Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,
Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

Aucun commentaire: